Du 20 au 25 mars

BERLIN - JUTROSIN

 

 

Quoiqu'on en dise, voyager ce n'est pas toujours le pied, surtout quand il est gelé. On a beau faire, mouliner, accélérer, oublier de pédaler, il reste de glace. Alors on prend notre pied, on l'habille de rose pour lui redonner des couleurs mais il se fait porter pâle et les orteils continuent de nous casser les pieds ! C'est dans un abri bus que Bruno tente de trouver chaussure à son pied. De toute façon, à longueur de journée, nos pieds nous obsèdent. On ne pense qu'à les réchauffer, les protéger pour ne pas perdre pied. Et qui plus est, il se trouve que nous avons les pieds et les mains liées. Vous imaginez bien la galère. On rêve de mitaines et de gants de laine, de chaussons douillets, de chaussures moletonnées, de moufles fourrées, de bains de pied les doigts de pied en éventail. Que nenni ! On est condamné à pédaler, la mort dans nos souliers, le sourire aux lèvres, une façon de faire un pied de nez à l'hiver polonais qui au dire des habitants n'a pas été aussi rude et long depuis 60 ans.

 

Du 19 au 20 mars

 BERLIN

 

Berlin se lit comme un pop-up. Au fil des pages, son histoire se déplie et se déploie; le long de la frontière entre ce que furent Berlin Ouest et Berlin Est des oeuvres se dressent pour empêcher l'oubli. Des croix commémoratives, le Mémorial de l'holocauste, des pans de murs, des morceaux d'enceintes côtoient la reconstruction de nouveaux bâtiments qui n'ont de cesse de conquérir ce que fut le "Niemansland" où dorénavant plus aucun lapin ne court. Les cicatrices inscrites dans le sol se ferment. Les flèches des grues zèbrent le ciel. Berlin Est colorise ses anciennes façades grises et prend des couleurs. La ville est un immense chantier qui part à la conquête de ses rêves.

Du 14 au 18 mars

MÜNSTER - HANNOVRE

 

Qu'ils soient d'asphalte ou de pavés, de cailloux ou de neige ce sont les chemins de traverse qu'on préfère, ceux que l'on trace à la boussole, cap à l'Est. Sentes en sous bois, petites routes de campagne, pistes citadines, venelles villageoises, il y a ceux qu'on rebrousse, ceux qu'on a du mal à gravir, ceux qui nous font filer à vive allure toujours plus en avant, à peine un regard en arrière ou alors juste pour vérifier que le petit point jaune est toujours en ligne de mire, ceux qui sentent le pain à la première heure, ceux qui font souffrir quand il est temps de planter l'abri, les routes qu'on trace à l'aventure et qui croisent parfois le chemin des écoliers, ou la circulation incroyable des 2 roues à Münster où il nous faut être vigileants, 40% du traffic se fait à bicyclettes dans cette ville de NordRhein Wesfalen. Il y a le plaisir de sortir des sentiers battus, ceux de l'Eurovélo 3 qui circonvolutionnent de Calais à St Pétersbourg en passant par Berlin.

Il y a la destination vers des êtres incroyables et chaleureux : Claire et Catherine, Alain et Françoise, Catherine et François, Pierre et Isabelle, Maryse et Thierry, Gabi et Rainer, Klaus et Kathrin qui n'y vont pas par 4 chemins pour nous faire l'échappée belle. Et il y a l'incroyable Christian qui s'est trouvé sur notre route quand un dérailleur a cassé, nous a embarqués dans sa remorque, nous a logés, puis emmenés à la gare de Hannovre.

Il y a le chemin de fer pour ne pas nous faire rater le rendez vous avec Utah à Berlin...